Chat-Monde

Etat des lieux de l’impact des chats domestiques sur d’autres continents...

Une problématique d’actualité mais encore peu étudiée en Afrique et en Asie.

** La situation en Chine

Cette étude s’attache à évaluer la prédation annuelle sur la faune par les chats domestiques – avec et sans propriétaires - en Chine. Sur la base d’un questionnaire d'enquête, les auteurs ont demandé aux participants des informations sur les chats, incluant le nombre de chats dont les répondants étaient propriétaires, sur leurs pratiques vis-à-vis de leur animal (accès à l’extérieur), et sur la prédation, avec le nombre de proies rapportées par les chats au cours de l'année précédant le moment où les enquêtes ont été complétées. Pour les chats sans propriétaire, le nombre estimé d'événements de prédation d’animaux sauvages directement observés par les participants à proximité de leur lieu de résidence a également été requis. En bref, une enquête « Chat domestique et biodiversité » résumée en un questionnaire sur une année !

Les chats domestiques ayant accès à l’extérieur sont abondants dans tout le pays. Bien qu'il n'y ait pas d'estimations publiées du nombre total de chats en liberté en Chine, deux études rapportent des densités de population à l'échelle locale, y compris une densité exceptionnellement élevée de 64 chats par km² à Yangfangdian, Pékin et une estimation de 1,2 chat par km² à Hefei. Les populations de chats chinois pourraient augmenter rapidement, comme le suggère une étude sur le marché des animaux de compagnie montrant une augmentation de 8,6 % du nombre de chats de compagnie de 2018 à 2019 et une augmentation de 19,6 % de ce même marché  au cours de la même période. Comme dans d'autres pays, les estimations rigoureuses du nombre de chats sans propriétaire font défaut ; cependant, l'augmentation rapide de la population de chats de propriétaires conduit très probablement à une augmentation similaire de l'abondance des chats sans propriétaire, en raison des fuites et des abandons d’animaux.

En utilisant des simulations statistiques basées sur 2187 réponses au questionnaire, les chercheurs estiment que le nombre annuel minimum d’animaux prédatés par tous les chats en liberté en Chine était de : 1,61 à 4,95 milliards d'invertébrés, 1,61  à 3,58 milliards de poissons, 1,13 à 3,82 milliards d'amphibiens, 1,48 à 4,31 milliards de reptiles, 2,69 à 5,52 milliards d'oiseaux et 3,61 à 9,80 milliards de mammifères.

Comme observé ailleurs, leurs résultats mettent en évidence une proportion beaucoup plus élevée de familles rurales (60,75 %) permettant à leurs chats d’accéder librement à l'extérieur par rapport aux familles urbaines (23,27 %). Cette proportion suggère que les zones urbaines et rurales connaissent différents niveaux de prédation des chats sur la faune sauvage. Pour les chats de propriétaires, les plages de prédation estimées (y compris les estimations par chat et les estimations totales) se chevauchent largement pour les zones rurales et urbaines. Pour les chats sans propriétaire, les estimations de la prédation totale sont plus élevées pour les zones urbaines que rurales pour tous les taxons sauvages considérés. De futures recherches sur le terrain ou basées sur des questionnaires d'enquête sont nécessaires pour clarifier les mécanismes responsables de cette différence de prédation observée entre les zones urbaines et rurales.

Malgré les biais soulignés (il s’agit ici d’estimations difficiles à vérifier sur le terrain), cette évaluation à l’échelle d’un pays - une première pour l'Asie -, montre que les chats en liberté ont un impact bien réel sur les populations sauvages de petits animaux en Chine, et souligne l’importance que doit prendre cette problématique dans la recherche, les politiques de conservation de la faune et auprès du public.

 

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** … et en Afrique ?

Les auteurs de ce travail ont comparé le nombre de proies rapportées aux propriétaires de chats à partir de trois enquêtes par questionnaire (2009, 2010 et 2013/14) au Cap, en Afrique du Sud, aux actions de prédation recensées à partir d’images vidéo de certains de ces mêmes chats équipés de caméras (KittyCams). Leur idée était d’évaluer les différences entre la prédation réelle par rapport à la prédation rapportée.

En particulier, ils se sont intéressés à la prédation à proximité du parc national de Table Mountain, qui borde Le Cap, pour étudier dans quelle mesure les chats urbains et vivant à la lisière de la ville peuvent potentiellement impacter les animaux sauvages de cette zone protégée. Si la comparaison des chats occupant la lisière urbaine et des chats urbains ne différait pas en termes de taux de prédation, le cortège d'espèces prédatées différait significativement. Les vidéos ont révélé que la plupart des prédations étaient nocturnes et que seulement 18 % des proies enregistrées sur vidéo étaient rapportées aux propriétaires des chats. Ainsi, les auteurs de l’étude estiment que les chats tueraient 5,56 fois plus d'animaux (en moyenne pour toutes les espèces) que les données sur les proies rapportées ne le suggèrent.

Les reptiles constituaient 50 % des proies, mais seulement 17 % des retours ; les mammifères constituaient 24 % des proies, mais 54 % des retours. En appliquant un facteur de correction de 5,56, un chat domestique du Cap tuerait environ 90 animaux par an. Ainsi, les chercheurs estiment que les 300 000 chats domestiques du Cap prédateraient environ 27,5 millions d'animaux par an, avec une perte potentielle de 203 500 animaux à l’intérieur du parc national de Table Mountain. L'ampleur de cette prédation nécessite des options de conservation pour minimiser les impacts des chats domestiques sur la faune, en particulier à proximité des zones protégées. Cette étude met également en avant la sous-estimation du taux de prédation lorsqu’on ne considère que les proies rapportées…

 

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